Biographie

Michel Pleau est originaire du quartier Saint-Sauveur à Québec. Depuis 1992, il a publié une quinzaine de recueils et deux essais. Il anime des ateliers de création à l’UTAQ et dans divers milieux. 

En 2014-2015, il travaille pour la Bibliothèque du Parlement à Ottawa et dirige des ateliers et rencontres poétiques à travers le pays d’Halifax à Vancouver. 

Il a reçu le Prix du Gouverneur général 2008 pour La lenteur du monde publié aux Éditions David. La qualité de son travail a été soulignée par les Prix Alphonse-Piché et Félix-Antoine-Savard du Festival international de la poésie de Trois-Rivières ainsi que le Prix Octave-Crémazie du Salon du livre de Québec. 

En reconnaissance de son parcours de poète et l’ensemble de l’œuvre, on lui décerne le Prix littéraire de l’Institut Canadien de Québec en 2015 et le Prix Jean-Noël-Pontbriand du Mois de la poésie en 2018. 

Entrevue

Lisiez-vous de la poésie quand vous étiez à l'école ? Y a-t-il un poème en particulier dont vous vous souvenez ?

J’ai toujours aimé m’asseoir en bordure du monde. Enfant, du haut de l’escalier, je fouillais le carré de ciel au-dessus de la cour. Je demeurais immobile, cent ans, mille ans. On ne comprenait pas mes voyages. 

Je passais mes soirées sur la galerie. J’apprenais l’écriture muette des étoiles. Je ne le disais pas ainsi. Je n’aurais pas su. Je ne parlais qu’avec des phrases toutes faites. Mais, les étoiles et moi, on s’aimait.

Je ne savais pas lire ni les cartes du tarot ni mon nom. Mais, à l’été de mes six ans, j’entrepris, sans trop comprendre ce qui se passait en moi, une longue conversation invisible avec le monde. Elle n’a jamais cessé depuis.

Puis vinrent septembre et le grand jour du premier jour d’école. La maîtresse écrivit en belles lettres détachées : p-o-m-m-e. C’était une sorte de dessin tout rond et lumineux. Puis elle montra la pomme rouge sur son bureau. Je préférais celle du tableau. J’avais faim du feu de ce fruit inconnu et neuf. Le sourire de la maîtresse me donnait mes toutes premières lettres à déposer dans mon cahier d’exercices. Je voulais maintenant cueillir toutes les autres. Écrire, ce serait enfin parler avec des mots à moi.

Je ne me souviens pas d’une lecture de poésie en particulier. Par contre, je me rappellerai toujours le grand jour du premier jour d’école. 

Quand avez-vous commencé à écrire de la poésie ? Et quand avez-vous commencé à vous considérer poète ?

De retour de l’école, je me réfugiais en haut de l’escalier. Vu de la galerie, le ciel m’apprenait à lire et donc à écrire.

Je m’y tenais informé de la rondeur de l’air. J’entendais la rumeur des images qui s’éveillaient tout près de moi. La terre tournait, mais toujours, je demeurais à l’intérieur de ma nouvelle maison : l’écriture.

Je traçais, maladroitement, dans mon cahier quelques lettres bleues que je retrouve, encore aujourd’hui, dans mes poèmes. J’étais profondément occupé. J’en oubliais la pesée de la lumière qui divise les heures. 

Chaque jour jetait son ombre devant lui. Et moi, je devais la ramasser avec mes petites mains pour désencombrer l’avenir. Car je voulais m’approcher de toutes les images et de toutes les clartés.

Je pense bien que c’est à ce moment de ma vie que j’ai été le plus poète. Je ne connaissais pas le mot, j’étais ce mot.

Comment voyez-vous le « travail » des poètes ?

Enfant, j’ai toujours aimé soulever les pierres. J’adorais me pencher sur la vie souterraine et grouillante des insectes, soudain affolés par le tranchant du soleil. Quand j’ai commencé à écrire de la poésie, j’ai imaginé que, dorénavant, mon nouveau jeu serait de soulever les mots et découvrir quelle vie y était cachée. Étaient-ils des cailloux que je semais sur la route pour retrouver mon chemin ? J’ai appris, depuis, qu’ils sont le chemin. Je devais les parcourir, aller de l’avant, pour aller me rejoindre. 

Je fermais les yeux comme d’autres vont au travail. Si près de tout, je n’avais qu’une seule tâche : vérifier le poids du ciel et n’en parler à personne. J’occupe toujours le même emploi.

Si vous avez un poème dans notre anthologie, qu’est-ce qui vous a inspiré lors de son écriture ?

Dans le poème « Devenir », j’évoque une expérience universelle : ces moments de nos vies où l’on ose enfin franchir une porte pour aller à sa propre rencontre. 

L’utilisation répétée du verbe « devenir » dans ce poème crée un mouvement et un rythme, symbolisant ainsi cette quête. Devenir, c’est se transformer, mais c’est aussi partir à la découverte de son identité profonde. Cette répétition met également en évidence une insistance, voire une urgence, à être et à s’exprimer. Peut-être que devenir poète, c’est tout simplement devenir soi-même. 

Si vous deviez choisir un poème à mémoriser dans notre anthologie, lequel serait-ce ?

« Maintenant nous sommes assis » de Marie Uguay

POEMS

Publications

Titre(s) du ou des poème(s)
Devenir
Titre
La lenteur du monde
Maison d'édition
Éditions David
Date
2007
Type de publication
Recueil
Titre(s) du ou des poème(s)
J'avais six ans
Titre
Une auberge où personne ne s'arrête
Maison d'édition
Écrits des Forges
Date
2022
Type de publication
Recueil
Titre(s) du ou des poème(s)
La girafe
Titre
Le petit bestiaire
Maison d'édition
Éditions David
Date
2022
Type de publication
Recueil
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